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Un bleu éphémère
Un pigment apprécié des artistes...
Avant la découverte du bleu de Prusse par Diesbach, les peintres avaient peu de choix pour ajouter ladite couleur sur leurs oeuvres. En effet, le bleu était une teinte problématique dans les arts, les pigments correspondants étant trop fragiles (pastel des teinturiers) ou trop chers (lapis-lazuli).
Dans le cas du lapis-lazuli, le pigment issu de son broyage (bleu d'outremer / outremer véritable) était si onéreux que son utilisation était limitée aux créations artistiques sacrées, telles que les robes des figures religieuses.
Ainsi, l'arrivée du bleu de Prusse sur les palettes des artistes, premier pigment synthétique de cette teinte, fut largement saluée par ces derniers : on remarqua notamment une explosion de la couleur bleue dans les travaux des écoles françaises d’impressionnisme de l'époque. [3]
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Détails expérimentaux
Source d'irradiation UV : Hamamatsu Lightingcure Spot Light Source LC8 - Longueur d'onde : 365 nm
Durée d'exposition : environ 20 min cumulées.
Fig. 2 - Irradiation d'une solution de bleu de Prusse à 365 nm.
... mais néanmoins sensible à la lumière
Ware cite la photoréduction du bleu de Prusse en blanc de Prusse comme étant un des inconvénients de ce pigment. [3] Nous avons ainsi décidé de vérifier ces propos en irradiant une solution de bleu de Prusse fraîchement synthétisé et dilué.
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Fe [Fe (CN) ]
III II -
6
Après avoir cumulé une vingtaine de minutes d'exposition à une source de rayons ultraviolets, le bleu de Prusse devient incolore : c'est désormais du blanc de Prusse, obtenu par réduction de Fe en transformant en Fe .
Ainsi, le composé ne possédant qu'une seule forme de fer au lieu de deux, le transfert MMCT à l'origine de la couleur devient impossible. En plus de cette observation qualitative, une mesure du spectrophotomètre de la solution avant et après irradiation quantifie la perte de l'absorbance du composé.
2+
Fig. 3 - Réaction de photoréduction du bleu de Prusse
en blanc de Prusse
3+
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Fig. 4 - Spectre d'absorption du bleu et du blanc de Prusse
Du blanc au bleu ?
Ware évoque la possibilité d'effectuer un retour au bleu de Prusse en oxydant le blanc de Prusse, conformément à l'équation de réaction ci-contre.
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Fig. 5 - Réaction d'oxydation du blanc de Prusse en bleu de Prusse
Nous avons donc laissé buller du dioxygène dans l'erlenmeyer du blanc de Prusse de la fig. 2 pendant plus de 30 min. Si de petites particules de bleu de Prusse semblent avoir fait leur apparition, un retour complet à une solution entièrement bleue n'a pas été observé.
Une possible explication serait la cinétique de l'oxydation, trop lente pour relever le caractère réversible de la réaction.
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Fig. 6 - Blanc de Prusse sous bullage de dioxygène